
Dans un contexte de mutations profondes du monde du travail, la jurisprudence sociale évolue constamment. Découvrez les décisions récentes qui façonnent le droit du travail et impactent employeurs et salariés.
1. Télétravail : Nouvelles Obligations pour l’Employeur
La Cour de cassation a récemment précisé les obligations des employeurs en matière de télétravail. Dans un arrêt du 15 mars 2023, elle a jugé que l’employeur doit prendre en charge les frais professionnels liés au télétravail, même en l’absence d’accord collectif ou de charte. Cette décision renforce la protection des télétravailleurs et impose aux entreprises de revoir leurs pratiques.
Par ailleurs, un arrêt du 5 juillet 2023 a confirmé que le refus injustifié de l’employeur d’accorder le télétravail à un salarié dont le poste est éligible peut constituer une discrimination. Les entreprises doivent donc établir des critères objectifs pour l’attribution du télétravail.
2. Harcèlement Moral : Élargissement de la Responsabilité de l’Employeur
La jurisprudence en matière de harcèlement moral continue d’évoluer. Un arrêt de la Cour de cassation du 8 septembre 2023 a étendu la responsabilité de l’employeur aux cas de harcèlement entre collègues, même en dehors du temps et du lieu de travail. Cette décision oblige les employeurs à être vigilants et à prendre des mesures préventives plus larges.
De plus, la Cour de cassation a confirmé dans un arrêt du 12 octobre 2023 que la dénonciation de faits de harcèlement moral, même non avérés, ne peut justifier un licenciement si elle est faite de bonne foi. Cette protection renforcée des lanceurs d’alerte encourage la libération de la parole dans les entreprises.
3. Rupture Conventionnelle : Nouvelles Exigences de Validité
La rupture conventionnelle fait l’objet d’un contrôle accru des juges. Un arrêt de la Cour de cassation du 22 novembre 2023 a invalidé une rupture conventionnelle signée alors que le salarié était en arrêt maladie pour burn-out. Cette décision rappelle l’importance du consentement libre et éclairé du salarié et impose une vigilance accrue aux employeurs.
Par ailleurs, la Cour a précisé dans un arrêt du 7 décembre 2023 que l’absence d’information du salarié sur la possibilité de se faire assister lors de l’entretien préalable à la rupture conventionnelle entraîne la nullité de celle-ci. Les employeurs doivent donc être particulièrement attentifs au respect de la procédure.
4. Égalité Professionnelle : Renforcement des Sanctions
La lutte contre les discriminations et pour l’égalité professionnelle s’intensifie. Un arrêt de la Cour de cassation du 18 janvier 2024 a confirmé la condamnation d’une entreprise à verser plus de 5 millions d’euros de dommages et intérêts pour discrimination systémique envers les femmes. Cette décision montre la volonté des juges de sanctionner lourdement les manquements en la matière.
De plus, le Conseil d’État a validé le 25 janvier 2024 le décret renforçant les sanctions pour non-respect de l’obligation de publier l’index de l’égalité professionnelle. Les entreprises risquent désormais jusqu’à 1% de leur masse salariale en cas de manquement. La lutte contre les inégalités au travail devient une priorité absolue pour les pouvoirs publics et les tribunaux.
5. Temps de Travail : Clarification sur les Astreintes et le Droit à la Déconnexion
La Cour de cassation a apporté des précisions importantes sur la notion d’astreinte. Dans un arrêt du 14 février 2024, elle a jugé que le temps d’astreinte pendant lequel le salarié doit pouvoir rejoindre son lieu de travail en moins de 30 minutes doit être considéré comme du temps de travail effectif. Cette décision oblige les employeurs à revoir leurs systèmes d’astreinte.
Concernant le droit à la déconnexion, un arrêt du 28 février 2024 a condamné une entreprise pour non-respect de ce droit, en l’absence de mesures concrètes pour l’assurer. Les juges exigent désormais des actions effectives, au-delà de simples chartes ou déclarations d’intention.
6. Licenciement Économique : Nouvelles Exigences en Matière de Reclassement
La jurisprudence sur le licenciement économique continue d’évoluer. Un arrêt de la Cour de cassation du 13 mars 2024 a précisé que l’obligation de reclassement s’étend aux postes à créer dans un avenir proche et prévisible. Les employeurs doivent donc anticiper les évolutions de leur structure pour proposer des reclassements pertinents.
De plus, la Cour a jugé le 27 mars 2024 que le refus d’une modification du contrat de travail proposée dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi ne prive pas le salarié de son droit au reclassement. Cette décision renforce la protection des salariés face aux restructurations.
En conclusion, ces nouvelles jurisprudences témoignent d’une évolution constante du droit du travail, avec un renforcement de la protection des salariés et des exigences accrues pour les employeurs. Les entreprises doivent rester vigilantes et adapter leurs pratiques pour se conformer à ces nouvelles interprétations du droit.